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Disparition de Steven Spurrier, gentleman du vin derrière le « Jugement du Paris »


Mardi 09 mars 2021 par Alexandre Abellan



Steven Spurrier a planté des vignes dans le Dorset en 2009. - crédit photo : DR


Le célèbre caviste, critique et formateur britannique vient de s’éteindre, laissant en héritage une page d’histoire qui fait toujours parler, 45 années après.

« Ne jugez pas tant que vous n’avez pas dégusté ». Telle était la devise du célèbre Steven Spurrier, affirmée dans son livre A life in wine (publié en 2018). Disparu ce 9 mars à l’âge de 79 ans, Steven Spurrier a marqué l’histoire récente des vins par la dégustation à l’aveugle du 24 mai 1976 : le jugement de Paris. Si dans la mythologie grecque, le jugement de Pâris est à l’origine de la guerre de Troie, pour les amateurs de vin, c’est le jugement de Paris qui est la pomme de discorde entre les anciens et nouveaux mondes viticoles.

Réunissant neuf dégustateurs réputés*, cet évènement a démontré la qualité des vins californiens face à des grands crus de Bordeaux et Bourgogne (dont les défenseurs notent la jeunesse des millésimes, moins flatteurs que leurs jeunes concurrents américains). Si la polémique reste vive 45 ans après l’évènement (jusque dans l'étude statistique des résultats), ce coup de tonnerre aura marqué la reconnaissance qualitative des vins du Nouveau Monde.

Homme aux multiples métiers et projets, Steven Spurrier aura dédié sa vie aux vins. Depuis sa première dégustation (un verre de porto Cockburn 1908 à 13 ans), il achète en 1971 les Caves de la Madeleine à Paris, crée l’Académie du Vin en 1973, est interprété en 2008 par le défunt Alan Rickman dans le film Bottle Shock, rédige des ouvrages sur le vin et contribue à la revue britannique Decanter. Cette dernière le sacre homme de l’année en 2017 pour l’ensemble sa carrière. Directrice générale de la revue anglaise, Sarah Kemp estimait à l’époque que la clé du succès de la longue carrière de Steven Spurrier se trouve dans « son approche égalitaire du vin. Il peut aussi bien être excité par un vin produit par un inconnu dans une obscure région, que d’un grand classique d’un incroyable millésime. »


* : Raymond Oliver (Grand Véfour), Patricia Gallacher (Académie du Vin), Pierre Tari (château Giscours), Michel Dovaz (Académie du Vin), Pierre Brejoux (INAO), Odette Khan (Revue du Vin de France), Christian Vanneque (Tour d’Argent), Aubert de Villaine (domaine de la Romanée-Conti), Calude Dubois-Millot,Jean-Claude Vrinat (Taillevent), George Taber (Time Magazine) et Steven Spurrier (à l’époque caviste, organisant le concours). En blanc, le chardonnay 1973 de Chateau Montelena avait remporté la palme sur les dix vins présentés (quatre crus de Bourgogne et six wineries de Californie). En rouge, le cabernet-sauvignon 1973 de Stag’s Leap Wine Cellars avait été plébiscité parmi quatre grands crus classés de Bordeaux et six wineries de Californie.




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