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Vins désalcoolisés : la quête du bonheur sans regret


Le bonheur peut-il exister sans enivrement ? se demande l’œnophile, en observant un flacon de vin sans alcool. « L’alcool désinhibe certes les amoureux timides, mais ne les rend pas heureux », rétorque Bruno Marret, producteur de vins désalcoolisés à Bischheim. « Il est tellement plus sain d’être ivre de bonheur »…

Par Jürgen THÖNE - 20 févr. 2021 à 06:00


Bruno Marret s’est imposé une réflexion sur l’alcool au lendemain d’une soirée arrosée. « Je suis arrivé à la conclusion que, désormais, les seuls vins que je boirais seraient dépourvus d’alcool », raconte-il, conscient alors que sa décision constituerait une rupture avec tout ce à quoi il avait cru dans sa vie antérieure.


Assemblage de grenache, merlot et carignan

« Ayant grandi dans une famille de restaurateurs, j’adore les bons plats et les bons vins. Leur souvenir m’a même incité à devenir œnologue », continue Bruno. « Pourtant, ma décision était prise. Même s’il m’était interdit d’utiliser le mot “vin” pour désigner ce que le droit européen appelle une “boisson à base de vin désalcoolisé”. La mention de “vin sans alcool” n’étant que tolérée ».


La Côte de Vincent rouge, assemblage des cépages grenache, merlot et carignan, est une étape du cheminement de Bruno. Avec sa robe rouge foncé, elle offre un parfum de cassis et une bouche aromatique avec une acidité prononcée.

Les œnophiles apprendront, ainsi, par déduction, ce que l’alcool apporte aux vins classiques : du corps, de la puissance, de l’équilibre et de la longueur… Mais aussi qu’un « vin sans alcool » peut accompagner un repas.


Rouge, blanc, rosé ou avec bulles

Pour sa gamme de « vins sans alcool » – rouge, blanc, rosé et avec bulles –, Bruno a conclu des contrats avec des vignerons de différentes régions, qui produisent des vins sur mesure : gourmands, équilibrés, avec des taux d’alcool entre 15 et 16 degrés. « Il y a certains cépages dont les vins sont exclus de la transformation, car leurs arômes ne sont pas assez puissants à l’état désalcoolisé. Le produit final est un assemblage, sans lien avec une région viticole ou un terroir spécifique. Nous n’ajoutons pas de rehausseur de goût, mais, pour la production des vins mousseux, du dioxyde de carbone », explique Bruno.


Transformation par le froid

L’œnologue n’est pas le seul à avoir découvert le marché des vins désalcoolisés en Europe. Un marché très ancien, en fait. Le procédé de transformation, par le froid, de vins classiques en vins présentant un taux d’alcool résiduel de 0,3 %, a été inventé par le marchand de vin allemand, Carl Jung, en 1908.

« Aujourd’hui, on assiste à une demande croissante, notamment de la part des seniors, et à un engouement des jeunes en faveur des vins désalcoolisés. Ce qu’il faut conserver à tout prix, c’est la culture du partage et non celle du taux d’alcool dans le vin », conclut Bruno.


Bruno Marret lors d’un atelier de dégustation de vin. Photo archives DNA /Véronique KOHLER



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