top of page

Ce cru classé réinvente Sauternes, avec un vin effervescent, un rosé, un rouge…


Vendredi 26 février 2021 par Alexandre Abellan



« Nous souhaitons faire une proposition différente aux marchés, avec des vins de qualité que le consommateur aura plaisir à boire régulièrement afin que la marque vive autour d’une gamme » explique Didier Galhaud. - crédit photo : Château d'Arche



Se diversifiant dans le cadre de son terroir, le château d’Arche innove pour créer un environnement de marque et valoriser ses vins liquoreux. Quitte à en faire une liqueur d’expédition pour une méthode traditionnelle.



Plus qu’une vocation, « la stratégie d’une propriété classée à Sauternes est de produire de grands vins liquoreux » pose Didier Galhaud, le directeur général délégué du château d’Arche, qui oriente depuis un an le grand cru classé en 1855 de Sauternes suivant une question commerciale capitale : « est-ce que mes produits sont en adéquation avec ce qu’attend le marché ? » Si les Sauternes du château d’Arche suivent une approche moderne (concentration aromatique et équilibre sur la fraîcheur), les marchés restent toujours peu demandeurs de vins liquoreux.


Pour attirer les consommateurs, le château d’Arche souhaite apporter une nouvelle visibilité à sa marque. Avec une approche audacieuse, Didier Galhaud mise sur la diversification dans le cadre du terroir sauternais. En 2020, le château d’Arche aurait pu produire 450 hectolitres de Sauternes en les déclinant en trois gammes classiques (deuxième vin, premier vin et cuvée exceptionnelle). Mais le cru classé rompt avec ses habitudes et produit 330 hl de Sauternes pour 1 000 hl d’autres vins. Soit 70 000 cols de vin blanc sec en appellation Bordeaux, 20 000 cols de rouge en AOC Graves, 6 000 bouteilles de Bordeaux rosé et 13 000 cols de vin effervescent.


En lancement sous la dénomination de « vin mousseux de qualité » (pour un prix de vente de 12 €), l’Arche perlée résume bien la vision de Didier Galhaud « utiliser les atouts de la région pour diversifier la gamme » et « amener un produit original avec une histoire différenciante ». Composée à 50 % de sémillon et 50 % de sauvignon blanc, cette cuvée de la propriété a fermenté et a été élevé pendant trois mois en barrique de Sauternes, avant de réaliser une prise de mousse chez un prestataire (Sélène). Au dégorgement, la liqueur d’expédition a été remplacé par du Sauternes (château d’Arche 2015).

Cette approche innovante se retrouve sur les vins tranquilles de la nouvelle gamme A du château d’Arche. Matthieu Arroyo, le directeur technique du château d’Arche, teste un élevage de 10 % de son rosé pendant quatre mois sur lies dans des barriques ayant accueilli du Sauternes. « Cela apporte du gras et de la rondeur, avec une légère augmentation de la sucrosité (de 1 à 1,5 g/l) » indique l’œnologue. Mettant à profit le reste d’une parcelle enclavée dans la forêt de 6 hectares (sur la commune voisine de Léogeats), Matthieu Arroyo a tiré parti d’une lente maturité de ses pieds de merlot pour ne les récolter qu’à la fin septembre pour un équilibre « de vins merlot d’il y a quinze ans ».


Blanc sec du terroir de Sauternes

Lançant son premier vin blanc sec, le cru classé passe 60 % de cette cuvée en barriques (20 % neuves et le reste d’un vin de Sauternes). Mais son identité aromatique vient aussi d’une vendange lancée aux premiers développements de Botrytis, indiquant un optimum de précurseurs aromatiques (analysés en laboratoire). « Botrytis n’est pas un ennemi, à Sauternes nous savons le gérer » explique Matthieu Arroyo.

Avec ces quatre cuvées, le château d’Arche amène une « proposition différente pour une consommation plus régulière » résume Didier Galhaud. Cette diversification de la gamme permet de soutenir le développement du vignoble du cru classé. Initialement de 28 hectares lors du rachat en 1996 par les familles Boël et Poma, sa surface viticole passe en 2021 à 50 ha et doit atteindre 70 ha en 2025 indique Jean-Louis Couffinhal, administrateur du château d’Arche, qui ajoute que le domaine doit être converti en bio d’ici 2024.


Le vignoble de « Sauternes a toutes les ressources pour être audacieux et innovant » pointe Didier Galhaud, qui se positionne « en phase de reconquête. Il faut que la marque existe et vive, ait de la visibilité. » La nouvelle gamme du château d’Arche suit cette stratégie, de concert avec le lancement d’un hôtel grand luxe (cliquer ici pour en savoir plus). Produits par le négoce VIP Wine, de nouveaux spiritueux vont être élevés prochainement dans des barriques du château d’Arche, donnant de nouvelles étiquettes à une autre gamme transversale (existant déjà en whisky, pour se décliner en rhum et gin d’Arche).

Dans le vignoble, Matthieu Arroyo veut mettre en place un essai de vignoble sans intrant. Deux hectares y seront dédiés, avec une plantation cette fin d’année pour assurer une production durable de raisins botrytisés dans un environnement de vergers et haies fruitières. Un essai qui n’est pas sans prise de risque, comme chaque millésime à Sauternes rappelle Didier Galhaud.

2 vues0 commentaire
logo_r_edited.jpg
bottom of page