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Champignons et bactéries interagissent 30 fois plus en biodynamie


Mercredi 10 février 2021 par Marion Bazireau



L’enherbement du vignoble, les amendements organiques et la restitution des sarments améliorent la qualité microbiologique des sols. - crédit photo : Pxhere


C’est ce qu’a constaté l’Inrae en comparant la qualité microbienne des sols de 75 parcelles conduites en viticulture conventionnelle, bio, ou en biodynamie, en Alsace et en Bourgogne. Reste à comprendre pourquoi.


« Aujourd’hui nous avons les outils pour extraire, quantifier, et séquencer l’ADN de presque tous les types de sol. Ils nous permettent de connaître la biodiversité microbienne et de faire l’inventaire de toutes les espèces présentes dans une parcelle » indique Lionel Ranjard, directeur de recherche en agroécologie à l’Inrae de Dijon.

Son équipe les a utilisés sur les 2200 échantillons du réseau Gis Sol pour élaborer des cartes d’abondance et de diversité microbienne. « Nous avons désormais des valeurs de référence tous les 16 kms sur tout le terroir français »reprend-il.

Le chercheur est en train de comparer ces valeurs de références à celles mesurées sur le réseau de 150 parcelles viticoles du projet EcoVitiSol, initié en 2019. « Ces parcelles sont réparties dans le vignoble alsacien autour de Colmar, en Côte de Nuits et Côte de Beaune, et dans le vignoble du Mâconnais, avec à chaque fois un tiers d’exploitations en viticulture conventionnelle, un tiers en viticulture biologique, et un tiers en biodynamie » détaille Lionel Ranjard.


Tous modes de production confondus, l’analyse ADN de 75 premières parcelles met en évidence un impact négatif du travail du sol et du recours aux pesticides sur la qualité microbienne, « alors que l’enherbement et les amendements organiques sont bénéfiques. Nous avons aussi découvert un effet très stimulant de la restitution par les sarments » dévoile le directeur de recherches.

En comparant les modes de production, Lionel Ranjard a constaté que les parcelles conduite de manière conventionnelle renferment globalement moins de biomasse, que celles en viticulture biologique, qui elles-mêmes sont moins riches que les parcelles en biodynamie. Ce classement vaut aussi pour la diversité bactérienne.

La qualité microbiologique de 40% des parcelles conventionnelles est inférieure de 30% à la valeur de référence du réseau Gis Sol, contre 26% en AB, et seulement 19% en biodynamie. « Et 38% des parcelles en biodynamie ont un sol plus vivant que la moyenne régionale, contre 11% en viticulture conventionnelle, détaille Lionel Ranjard, qui ne veut toutefois pas généraliser. Il y a des parcelles dans le rouge et dans le vert dans tous les modes de production. Les viticulteurs conventionnels peuvent très bien faire de l’agroécologie, et la biodynamie ne garantit pas une bonne qualité des sols ».

49000 liens en biodynamie, 1700 en bio

Le fossé entre les modes de production se creuse lorsque l’on étudie les réseaux d’interaction entre les espèces. « Bactéries et champignons confondus, nos résultats préliminaires donnent une moyenne de 49 000 liens en biodynamie, contre 1700 en bio, et 1400 en conventionnel. On a 30 fois plus de liens en biodynamie ! »

Ces résultats sont-ils liés aux préparations biodynamiques ? A la technicité des vignerons ? Lionel Ranjard le découvrira peut-être d’ici la fin du projet en 2023. Il a présenté ses découvertes à l'occasion du webinaire "Biodiversité cultivée et spontanée au service de la vigne : quelles pratiques viti-agro-écologiques pour l'Île-de-France ? » disponible en replay sur Youtube.

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