06h00 , le 30 janvier 2021
Par
Vivien Vergnaud
L'ANTISECHE - Combien de fois a-t-on entendu un politique dire "au pays de Pasteur" depuis le début de la pandémie? L'occasion de se pencher sur l'immense œuvre de l'un des plus grands scientifiques du pays. Et de mieux la resituer. Chaque jour, l'antisèche du JDD vous explique une notion simple pour mieux comprendre l'actualité.
Son nom est quasiment partout depuis le début de la pandémie. Louis Pasteur n'est pas que le créateur de l'Institut qui porte son nom. Et il est encore moins l'inventeur de la vaccination. C'est Edward Jenner, un Anglais, qui l'a développé près de trente ans avant la naissance du scientifique français. Pasteur est un chimiste français devenu pionnier de la microbiologie et il est à l'origine d'une immense révolution des connaissances et des traitements dans ce domaine.
Il a développé en 1885 le vaccin contre la rage. Pas un vaccin parmi d'autres : c'est le premier qui est artificiel, puisque le virus inoculé est "atténué". Même si ce vaccin est curatif, cette découverte a un retentissement planétaire et va faire naître une nouvelle manière de penser la médecine, avec la vaccination prophylactique, c’est-à-dire préventive. Les "pastoriens" vont se pencher sur de nombreuses infections (typhoïde avec André Chantemesse, peste avec Alexandre Yersin, puis dans les années 1920, la tuberculose avec Albert Calmette et Camille Guérin, etc.) et proposer des sérums. Pasteur a aussi développé les vaccins contre le choléra des poules et la maladie du charbon.
L'inventeur de la pasteurisation
Mais Louis Pasteur, c'est encore bien plus que les vaccins : jeune, il a fait faire de grands pas à la biologie avec son étude de la fermentation et des micro-organismes. Il a ainsi réfuté la théorie de "génération spontanée", il a posé les bases de l'hygiène médicale, établi des méthodes de conception du vinaigre, de la bière, du vin, ce qui l'a fait aboutir à l'autre grande découverte associée à son nom : la pasteurisation. Il s'agit de chauffer à haute température des produits alimentaires avant de les refroidir brusquement pour éliminer les germes, et donc augmenter la durée de conservation. Une technique qu'il a développée pour... le vin. Plus tard, Pasteur a découvert le staphylocoque, une bactérie à l'origine de nombreuses maladies. Il a participé à éradiquer les maladies des vers à soie et ainsi à sauver la production française de soie.
A la fin de sa vie, il était considéré comme un des personnages les plus importants de son époque. Certains en ont fait, sans raison objective, un des "pères fondateurs" de la IIIe République. Une figure tutélaire qui a appris aux Français les bienfaits de la solidarité pour lutter contre les maladies. Pour ses 70 ans, un jubilé national a été organisé et ses funérailles, en 1895, ont été un événement populaire très important. Son corps a été embaumé puis transféré dans une crypte de l'Institut. Preuve de son immense renommée à l'époque : plus de 2.200 rues en France (mais aussi en Algérie ou au Vietnam) portent son nom. Une de ses maximes est passée à la postérité : "La chance ne sourit qu'aux esprits bien préparés." En voici une autre, qui peut servir en temps de pandémie : "Ayez le culte de l'esprit critique. Réduit à lui seul, il n'est ni éveilleur d'idée, ni un stimulant de grandes choses. Sans lui tout est caduc."
Comments