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AOC corbières : le plus vaste vignoble du Languedoc


AOC corbières : le plus vaste vignoble du Languedoc L'appellation corbières décline des vins puissants et élégants, au parfum de garrigue, à partir d'un puzzle de terroirs s'étalant sur 9 000 ha. Ce qui en fait le quatrième vignoble de France.


Par Antonio Mafra - 17 avr. 2021 à 19:00 | mis à jour hier à 17:25 - Temps de lecture : 4 min

Président de l'AOC depuis un an, Olivier Verdale exploite les 50 hectares du Château Saint-Eutrope.


C’est le berceau de la viticulture languedocienne. Depuis l’époque gallo-romaine, le massif des Corbières, entre Carcassonne et le rivage méditerranéen, est une terre de vins.

Une terre aride, accidentée (la racine de Corbières, "korb", désigne un lieu montagneux) mais aussi diverse. Le puzzle géologique des Corbières a donné naissance à une appellation aux terroirs et aux vins tout autant variés.


Un pays dévasté

Au Moyen-Âge, le développement des abbayes cisterciennes permet un premier âge d’or de la viticulture dans le massif. Vient alors un désastre : la croisade des Albigeois, pendant laquelle les troupes croisées pratiquent l’arrachage punitif. La production a été relancée quelques siècles plus tard, grâce au canal du Midi. Mais le phylloxéra et les crises viticoles successives ont encore menacé le corbières de disparition à plusieurs reprises.



Une "révolution culturelle"

Comme dans de nombreux autres terroirs, c’est la solidarité du mouvement coopératif qui a sauvé le vignoble. Le corbières renaît à la fin des années 1970-1980. Jean-Noël Bousquet, figure emblématique du vignoble, évoque une "prise de conscience du potentiel qualitatif" et une "révolution culturelle". "Nous avons adopté la macération carbonique, pour avoir de la finesse, de l’élégance et du fruit, baissé les rendements et redécouvert des cépages oubliés comme le mourvèdre et la syrah", poursuit-il.



Le vignoble compte une dizaine de terroirs. Les viticulteurs cherchent à faire reconnaître cinq d'entre eux.


Pas seulement en rouge

Le corbières obtient une appellation d’origine contrôlée (AOC) en 1985.

Il est aujourd’hui produit sur un vignoble de 9 000 ha, qui s’étend sur 87 communes. Cela en fait la première appellation du Languedoc, et la quatrième de France.

L’AOC produit 85 % de vin rouge et 12 % de rosé, avec comme principaux cépages la syrah, le grenache et le carignan, devant le mourvèdre et le cinsault.

Les blancs ne représentent quant à eux que 3 % de la production, mais les amateurs savent reconnaître leur potentiel. Ils déclinent le grenache blanc, le maccabeu, la roussanne, la marsanne, le bourboulenc et le vermentino.


Le carignan, un cépage réhabilité Jadis aimé lorsqu’il fallait faire pisser la vigne, le carignan a été banni, tel un pestiféré au profit, du grenache et de la syrah. L’histoire récente a réhabilité ce cépage, pierre angulaire du cru boutenac, qui donne leur typicité aux grands vins du Languedoc. Arrivé d’Espagne au 12e siècle, le carignan se plaît dans les coteaux secs et pierreux. Il supporte la chaleur et le vent, un atout précieux face au réchauffement climatique. La macération carbonique en adoucit les tanins pour restituer le fruit et la souplesse. À ouvrir bien en avance Cultivé à faibles rendements, bien vinifié, minoritaire dans les assemblages (deux cépages minimum), le carignan donne au corbières sa colonne vertébrale. Des rouges avec de la mâche, charpentés mais élégants, sur des arômes complexes de fruits rouges et noirs, des notes de garrigue et de torréfaction. Savourez-les avec de la charcuterie, en entrée, des viandes grillées ou en daube (on attendra l’hiver pour le gibier, l’aligot et le cassoulet) et des fromages de brebis crémeux. N’oubliez pas de les ouvrir au moins deux heures à l’avance et de les servir à 14/16°.

Grâce au "vent médecin" et à une biodiversité préservée, le corbières dispose de bons arguments environnementaux. Environ 40 % du vignoble est labellisé agriculture biologique ou haute valeur environnementale (HVE).



Cinq micro-climats

Le corbières poursuit sa montée en gamme. Après la naissance du cru boutenac, en 2005, les viticulteurs luttent désormais pour faire reconnaître cinq terroirs. Cinq micro-climats qui apporteraient une reconnaissance supplémentaire à l’appellation :

  • Les Terrasses de Lézignan, berceau de l’appellation, bénéficient d’un climat sec et venté, qui crée des vins épicés et longs en bouche ;

  • Le terroir de Peyriac-de-Mer est marqué par l’influence de la mer, qui apporte une certaine salinité, notamment aux blancs ;

  • À proximité de la montagne d’Alaric, les vignes profitent de l’humidité générée par les nuages bloqués ;

  • Lagrasse est un terroir d’altitude, aux vins frais ;

  • Le terroir de Durban, dans le pays des châteaux cathares, se démarque enfin par de vieux carignans.


Les meilleurs millésimes

Le corbières est produit par un millier d’exploitants, dont 200 vignerons indépendants. Ces vins gourmands, avec un potentiel de garde de 6 à 8 ans, se trouvent typiquement entre 6 et 20 euros, avec un prix moyen compris entre 8 et 10 euros. Une vingtaine de caves coopératives ont produit à elles seules 70 à 80 % des volumes selon les millésimes. 2010, 2015 et 2018 figurent parmi les meilleurs de ces dix dernières années.



Des références dès 6,50 euros

Vous les dégusterez en franchissant les portes du domaine de la Voulte Gasparet, une référence absolue, du Château La Bastide (cuvée Eidos à 21 euros), de la coopérative de Castelmaure (cuvée Pompadour à 9,90 euros) ou du Château Grand Moulin (cuvée Terres rouges à 10,80 euros). Citons également le domaine de la Cendrillon, le Château de Fongenelle ou le Château Carraguilhes, trois autres incontournables. Les amateurs de blanc se régaleront avec les arômes d’agrumes de la cuvée "Instant" du Château Saint Europe (9 euros), ou encore le blanc floral du Château Etang des Colombes (6,50 euros). Forcément subjective, cette liste montre en tout cas qu’on peut se faire plaisir sans trop bourse délier.





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